Publié le 15 octobre 2024–Mis à jour le 15 octobre 2024
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Karl Kraus : comment le langage nous rend bêtes
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Hitler et Mussolini en 1934
Comment expliquer la montée du nazisme ? Comment, au pays de Goethe et d’Einstein, a-t-on pu passer de la République de Weimar à la dictature nazie ? Selon l’écrivain et satiriste autrichien Karl Kraus, la bêtise entre d’abord par la porte du langage… et des médias. Ousama Bouiss décrypte pour The Conversation.
Ousama Bouiss, Enseignant en "culture de la complexité", CY Cergy Paris Université
En 1928, le parti national-socialiste (mouvement hitlérien) comptait 12 sièges au Parlement allemand. Deux ans plus tard, à la suite de la dissolution prononcée par le chancelier Brüning, le parti nazi passe de 12 à 107 sièges. En juillet 1932, après une nouvelle dissolution prononcée par le chancelier Von Papen, le parti nazi devient le premier parti politique allemand avec 230 sièges au Parlement (sur 608 soit +37,8 %) soutenu par les voix de plus de 13,7 millions d’électeurs (sur 36,9 millions soit 37,4 %). Le 30 janvier 1933, grâce au soutien de la droite et après d’âpres négociations, le président Hindenburg nomme Adolf Hitler comme chancelier.
Entre mai et septembre 1933, l’écrivain autrichien Karl Kraus s’engage dans la rédaction de Troisième nuit de Walpurgis dans lequel il dissèque le rôle de la presse et des intellectuels dans l’installation du nazisme dans les esprits. Je vous propose donc de revenir sur quelques éléments de réflexion fournis par Kraus et sur le lien qu’il établit entre la bêtise et la montée de l’extrême droite en Allemagne durant l’entre-deux-guerres. [...]