le 3 novembre 2024
  • The Conversation

Publié le 22 novembre 2024 Mis à jour le 22 novembre 2024

Quand la technologie change le marché du travail : des emplois moins stables et plus polarisés

Bras mécanique dans une usine
Bras mécanique dans une usine - Bras mécanique dans une usine - © Diego Martinez - Pexels

Les personnes ayant un métier manuel, répétitif et peu qualifié sont plus à risque de perdre leur emploi face à l’automatisation, et ont ensuite moins de chances de retrouver un emploi stable. Un articlé rédigé pour The Conversation par Olivier Charlot, Thepthida Sopraseuth et Idriss Fontaine.

Olivier Charlot, Professeur d'économie à CY Cergy Paris Université
Idriss Fontaine, Maître de conférences à l'université de la Réunion
Thepthida Sopraseuth, Professeure d'économie à CY Cergy Paris Université
 

Dans la plupart des pays développés, les changements technologiques entraînent d’importantes transformations sur le marché du travail en modifiant en profondeur les tâches que les entreprises doivent faire réaliser par les salariés. Par exemple, les distributeurs automatiques permettent de réaliser nombre d’activités qui nécessitaient jusque là de passer par une agence bancaire, ou les portails sur lesquels les clients renseignent eux-mêmes leurs données font que les entreprises ont moins besoin d’employés pour recueillir ces informations. Dans le même temps, les nouvelles technologies nécessitent plus d’ingénieurs, de techniciens et de cadres pour les mettre en œuvre.

On observe ainsi une croissance de l’emploi dans les postes les mieux rémunérés, qui nécessitent des compétences cognitives avancées et une capacité à résoudre des problèmes complexes. Ce sont en effet des tâches difficiles à automatiser. À l’autre extrémité du spectre, on constate également une augmentation de l’emploi manuel impliquant des interactions humaines, car les clients préfèrent avoir affaire à un humain pour faire garder leurs enfants ou pour changer de coupe de cheveux, ce qui rend ces tâches difficiles à faire réaliser par des machines.

En revanche, les emplois de niveau intermédiaire, souvent constitués de tâches routinières et répétitives, sont les plus touchés par ces évolutions technologiques. Ces postes, fondés sur des procédures bien définies, ont connu un déclin significatif au cours des dernières décennies.

Comment les nouvelles technologies transforment l’emploi en France

Ce phénomène, appelé polarisation de l’emploi, a été mis en évidence aux États-Unis par les chercheurs David Autor et David Dorn, mais il concerne bien d’autres pays, comme l’ont montré Maarten Goos, Alan Manning et Anna Salomons dans le cas de pays européens. La France n’échappe ainsi pas à cette tendance, et ici comme ailleurs, les nouvelles technologies modifient le contenu des tâches et les compétences recherchées par les entreprises.

Ces changements se reflètent alors dans l’évolution du niveau d’emploi ou des heures travaillées, selon qu’il s’agisse plutôt de tâches abstraites, routinières ou manuelles. Ceci s’observe également à travers les flux sur le marché du travail, puisque l’arrivée de nouvelles technologies implique que certains perdent leur emploi et doivent en retrouver un autre.

Ainsi, depuis le début des années 1980, le nombre total d’heures travaillées par personne dans des emplois routiniers a diminué d’environ un tiers (32 %), tandis que les heures consacrées à des activités plus abstraites ou manuelles ont augmenté sur la même période.

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Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.
 

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