Conduire les transitions, cela s’apprend. C’est le choix qu’ont fait Alexian, 18 ans, et Sajera, 22 ans, en intégrant le Bachelor ACT (Apprendre à Conduire les Transitions), formation portée par CY Cergy Paris Université et l’ESSEC Business School depuis 2022 pour répondre aux besoins des entreprises et autres acteurs du territoire liés aux transitions. Alexian est en première année du Bachelor ACT et a intégré le cursus après avoir décroché un baccalauréat général spécialité maths et physique-chimie. En troisième et dernière année, Sajera a fait un baccalauréat économique et social, une première année de licence d’économie, s’est réorientée en droit avant de rejoindre la première promotion du Bachelor ACT en 2022. Tous deux racontent cette formation pionnière dans le domaine des transitions environnementales et sociales en France.
Qu’est-ce qui vous a motivés à intégrer cette formation ?
Alexian : Ce sont les valeurs que j’ai acquises pendant de nombreuses années, notamment dans le milieu associatif, au sein de l’association Les Éclaireuses & Éclaireurs de France dans laquelle je suis engagé depuis tout petit et portant les valeurs d’écocitoyenneté, de solidarité ou encore de coéducation qui m’ont donné envie de faire ce genre de formations. J’ai connu le Bachelor ACT un peu par hasard lors du salon de l’étudiant de Lyon. Initialement, je voulais faire une école de commerce ou d’ingénieur et le Bachelor ACT qu’on m’a présenté à cette occasion m’a complètement convaincu. C’est une formation où l’on est engagé, où l’on apprend des choses concrètes pour accompagner la transition.
Sajera : En parallèle de mes études en droit, j’ai fait un service civique sur les questions de discriminations dans le sport et cela m’a donné envie de me former pour faire un métier qui fait sens. Je connaissais l’ESSEC parce que j’avais fait le programme "Pourquoi pas moi" quand j’étais au lycée. J’ai aimé la dynamique dans l’école et quand j’ai découvert cette formation portée par CY Cergy Paris Université et l’ESSEC sur Parcoursup, ça m’a séduite. C’était tout nouveau à l’époque, le Bachelor ACT venait d’être lancé donc c’était un pari qui pouvait paraître risqué. Mais j’ai tout de suite aimé cette approche où tu apprends concrètement à travers des projets et je suis loin d’être déçue aujourd’hui.
Pour quelles raisons les formations autour des transitions sont-elles essentielles de nos jours ?
Alexian : La transition est l’un des plus grands enjeux de notre société. Il faut aujourd’hui trouver des solutions pour pouvoir garder un niveau de vie décent pour tout le monde tout en respectant la planète si on veut limiter les catastrophes liées aux dérèglements climatiques. Ces formations sont essentielles pour permettre à des personnes de conduire la transition de manière plus concrète et sur le long terme en apprenant à prendre en compte tous les enjeux systémiques autour de cette problématique.
Sajera : Selon moi, il n’y a pas assez de formations à la transition. Le bac ne nous permet pas d’acquérir de compétences autour de l’écologie, du développement durable, de la transition environnementale et sociale... On ne fait pas assez de liens déjà entre l’environnement et le social alors que c’est important. A mes yeux, c’est primordial de faire des formations où l’on nous apprend ces sujets-là car ce n’est pas acquis et inné pour tout le monde. Mener les transitions, ça s’apprend et cela permet d’éviter de tomber dans ce qu’on voit aujourd’hui avec des politiques qui, finalement, ne s’y connaissent pas assez et ne savent pas mener des projets dédiés.
Quels sont les points forts de ce cursus selon vous ? En quoi la pédagogie proposée par le Bachelor ACT est-elle innovante ?
Alexian : La pluridisciplinarité, on a des cours qui vont de la biodiversité jusqu’au leadership de soi. Cela couvre un énorme périmètre de connaissances. Cette formation est complète avec un stage à effectuer chaque année dont le dernier est de 5 mois qui nous permet d’appliquer ce qu’on a appris et de mettre en pratique sur le terrain. D’autre part, nous bénéficions de l’expérience de professeurs qui sont très engagés dans ce qu’ils font et de cours très concrets où l’on mène des enquêtes, où l’on va interviewer des personnes impliquées dans la transition. Ce ne sont pas des cours magistraux et c’est une vraie force de la formation. De même, nous sommes 30 dans la classe et ça insuffle une dynamique très intéressante grâce à laquelle on se connaît un peu tous. Cela nous a fait gagner énormément de temps pour tout ce qui est projets de groupe. Les conditions d’apprentissage sont exceptionnelles et nous disposons de coachs personnels pour nous accompagner tout au long de la formation, notamment dans nos démarches.
Sajera : On ressent tout au long de la formation qu’il y a un juste milieu parfait entre la fac et l’école de commerce où l’on retrouve le côté théorique de l’université et le côté plus pratique de l’école de commerce, ce qui permet d’avoir suffisamment de connaissances sur le milieu des transitions par un certain nombre de cours sur la biodiversité notamment pour se sentir à l’aise et utile en entreprise. Un autre point fort est l’échange universitaire. Je reviens de 5 mois passés à Tokyo où j’ai eu beaucoup de cours sur les transitions, sur les relations internationales à l’étranger. Cela donne une autre perspective que l’on n’a pas en étudiant uniquement en France et cela m’a permis de d’étudier les transitions en Asie.
Sur quel type de projets avez-vous l’occasion de travailler ?
Alexian : Dès le début de la formation, nous sommes directement plongés dans le bain avec des projets concrets et enrichissants, c’est ce qui est super intéressant. Nous avons mené une enquête sociologique sur l’organisme de notre choix. Nous avons choisi de la consacrer à L214 et le groupe national de surveillance des arbres (GNSA). Du coup, nous avons été interviewer des acteurs directement chez eux et devions fournir un rapport à partir de ces échanges. Ce travail m’a énormément plu. Nous avons également fait de nombreux exposés, réalisé des courts-métrages et nous travaillons actuellement sur l’enquête territoriale. On étudie les enjeux de la trame bleue, l’Oise, au travers de trois acteurs locaux : le syndicat des eaux d’Ile-de-France, l’écoparc d’Eragny et le potager Label Vie. Donc, on travaille sur le terrain, on enquête, on analyse, on restitue et nous remettons et présentons nos analyses aux différents acteurs.
Sajera : Durant la première année, dans le cadre du cours "société, inégalités et engagements", on avait fait un court-métrage sur les inégalités d’accès aux grandes écoles pour les personnes issues de milieux populaires. Le format était complètement libre et nous avons opté pour le film. En deuxième année, nous avons mené un projet de diagnostic de territoire sur Cergy pour lequel on devait faire des recommandations stratégiques à l’agglomération sur la manière de redynamiser le territoire. Cette année, nous accompagnons une entreprise dans le but d’être certifiée B Corp. Là, nous sommes vraiment dans la peau de consultants juniors.
Qu’attendez-vous de cette formation à son issue ? Envisagez-vous de poursuivre vos études à la suite du Bachelor ACT ?
Alexian : Pour l'instant, c’est le présent qui m’intéresse et je sais que j’étudie actuellement quelque chose qui me plait. Le Bachelor ACT me permet de développer un esprit critique que je souhaite cultiver. Car, ce n’est pas parce qu’on étudie les transitions qu’il faut adopter une posture de donneur de leçons. Par la suite, j’aimerais voyager, faire le tour du monde avec dans mes bagages tout ce que j’aurais appris durant la formation. Après, je me verrais bien faire un master en journalisme ou une formation un peu plus scientifique autour de la biodiversité.
Sajera : J’aimerais bien poursuivre mes études dans un master autour des droits humains ou en politiques publiques dans la volonté de continuer à travailler pour une ONG. J’aimerais bien travailler dans une ONG pour faire reconnaître le statut de migrant climatique. C’est le sujet de mon mémoire de fin d’année qui porte sur le lien entre la migration climatique et le racisme structurel.
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