le 22 décembre 2023
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Publié le 22 décembre 2023 Mis à jour le 10 janvier 2024

David Copello, expert des politiques latino-américaines

David Copello sort son livre
David Copello sort son livre "Les droits humains armés : guérillas, dictatures et démocratie en Argentine" aux éditions Presses universitaires de Rennes. CY Cergy Paris Université - David Copello sort son livre "Les droits humains armés : guérillas, dictatures et démocratie en Argentine" aux éditions Presses universitaires de Rennes. - CY Cergy Paris Université

Chercheur postdoctorant au laboratoire AGORA de CY Cergy Paris Université et chercheur associé au centre de recherche et de documentation sur les Amériques (Creda), David Copello fait partie depuis 2021 du programme Talent de CY Initiative dans le cadre de son projet de recherche LATILEFT étudiant les connexions entre les mouvements politiques latino-américains et européens.

Expert francophone de la politique argentine, David Copello est régulièrement invité à s’exprimer sur le sujet dans des articles de presse, des émissions télévisées ou radiophoniques. Plus particulièrement avec les récentes élections présidentielles qui se sont jouées à l’automne 2023 et qui ont vu l’investiture du candidat d’extrême droite Javier Milei. Chercheur postdoctorant au laboratoire AGORA de CY Cergy Paris Université et chercheur associé au centre de recherche et de documentation sur les Amériques (Creda) depuis 2021, David Copello mène des recherches sur les gauches radicales contemporaines et les circulations d'idées politiques entre l'Amérique latine et l'Europe dans le cadre du programme Talent porté par CY Initiative qui finance depuis septembre 2021 son projet LATILEFT (The Latin-American Connections of the European Radical Lefts, Ndlr). "J’ai commencé à étudier le sujet en 2019 dans le cadre d’un travail sur Podemos, le parti politique espagnol de gauche radicale qui a la particularité d’avoir été très explicitement inspiré des expériences des gauches latino-américaines", explique le chercheur, qui a fait en 2020 une année postdoctorale à la Casa de Velázquez, centre de création artistique et de recherche basé à Madrid. Une grande partie de ses dirigeants ont travaillé en Amérique latine pour des gouvernements comme celui de Chávez au Venezuela, ou de Morales en Bolivie.

 J’ai étudié le cas espagnol et l’ai élargi par la suite aux inspirations de l’Amérique latine dans la politique européenne 

Avec LATILEFT, David Copello compare en effet la politique de Podemos et celle du parti d’extrême gauche français la France Insoumise avec cette même problématique de l’inspiration latino-américaine et la manière dont ces modèles d’Outre-Atlantique sud sont repris à la fois chez les dirigeants des partis mais aussi chez les militants. "Des Européens s’inspirent de l’Amérique latine et ces circulations inversées m’interpellent. En général, la mondialisation se traduit souvent par la diffusion du modèle américain à travers le monde et l’Europe. L’idée est donc de prendre les choses à l’envers et de voir dans quelles mesures cela fonctionne concrètement, comment ces idées sont appropriées par les Européens et les petits brouillages qui se font dans ces circulations".

Le tourisme politique européen en Amérique Latine

Le chercheur bénéficie, grâce au programme Talent, d’une liberté dans le cadre de ses recherches, d’un soutien financier, d’un accompagnement dans les réponses aux appels à projets et de fait, des opportunités pour approfondir son travail et élargir son réseau autour de celui-ci. "L’enveloppe de recherche Talent et CY Advanced Studies m’ont notamment permis d’organiser, il y a un an, le colloque Ce que l’Amérique Latine dit à l’Europe et d’aborder à cette occasion le sujet des circulations politiques en espagnol, en anglais, en français avec des personnes de différents horizons scientifiques et culturels", souligne David Copello. En octobre 2023, le chercheur a déposé une demande de financement à l’Agence nationale de la recherche (ANR) ainsi qu’au Conseil européen de la recherche (ERC). S’il obtenait le soutien de l’ERC, vu comme le "Graal" chez les chercheurs européens, cela donnerait lieu à un projet financé sur cinq ans pour lequel quatre postdoctorants seraient recrutés afin de documenter le tourisme politique européen en Amérique Latine. "L’objectif est de pousser plus loin encore la recherche en Europe. Dans un premier temps, des entretiens, observations et collectes de documents d’archives pourraient être réalisés en France, en Espagne et en Allemagne et dans un second temps, chacun des postdoctorants pourraient être envoyés dans les pays cibles du projet - Mexique, Cuba, Venezuela, Nicaragua - pour accompagner ces touristes, analyser leurs profils et rapporter leurs témoignages". David Copello devrait recevoir une réponse à sa candidature d’ici l’été 2024. A ce stade de carrière, c’est le financement le plus important qu’un chercheur puisse obtenir à titre individuel, soit 1,5 million d’euros. "Ce serait le jackpot !" confie-t-il. "Cela me permettrait de me projeter, de passer de la réalisation de mes propres recherches à la direction d’une équipe avec, toujours en ligne de mire, l’enrichissement du projet LATILEFT grâce aux talents et compétences de chacun des postdoctorants".

Être à la page

En plus de ses recherches, David Copello donne deux cours à CY Cergy Paris Université. L’un axé sur la sociologie politique en première année de master Political Ideas in a Digital Age et l’autre sur la communication interculturelle en première année de master Études européennes et internationales, deux masters dépendant de CY langues et études internationales. Une manière pour lui de s’intégrer complètement à l’université, à la composante dont dépend son laboratoire mais surtout de garder le contact avec les étudiants. "Donner des cours, cela permet d’être toujours à la page, de découvrir des disciplines, lectures et objets de recherches nouveaux. C’est toujours intéressant d’enseigner du point de vue de la recherche, cela amène à se questionner et à s’ouvrir à d’autre horizons", estime l’enseignant-chercheur qui a toujours eu le goût de l’investigation.

Origines inspirantes

Son intérêt scientifique pour l’Amérique latine, David Copello le tient de son attachement tout particulier pour l’Argentine. Étant Franco-Argentin, l’Amérique Latine a toujours été présente dans sa vie. "Quand j’étais en 3e année de licence à Sciences Po, j’ai fait une année d’échange au Chili, à Santiago. J’ai travaillé sur l’Argentine dès le master avec une approche à la fois historique et sciences politiques. C’est un peu une exploration de mon histoire familiale que je fais à travers ma recherche", raconte David Copello qui a toujours été intrigué par la particularité argentine du fait qu’il y ait dans ce pays des traditions politiques pas facilement traduisibles avec les repères européens comme le péronisme. L’élection de Javier Milei en novembre dernier s’explique selon lui de par la situation économique et politique extrêmement compliquée que traverse le pays depuis des années avec un taux de pauvreté de 40% et un taux d’inflation de 140%. "Cela pèse sur l’ensemble de la population mais surtout sur les classes populaires et en particulier les jeunes qui ont des difficultés à accéder à un emploi formel. De fait, le candidat Javier Milei qui cassait les codes de la politique traditionnelle en Argentine et est très présent sur les réseaux sociaux a réussi à séduire une bonne partie de la jeunesse. Les réformes qu’il propose, à court terme, ne vont toutefois pas stabiliser le pays ni le rendre plus juste socialement", déplore le chercheur pour qui les mesures de dérégulation totale de l’économie vont entraîner dans les deux prochaines années une augmentation de la pauvreté et de l’inflation.



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